En occasion, le diesel résiste mieux

Jean-christophe HERMINAIRE
«En occasion, ça reste une bonne affaire d’acheter du diesel. Les voitures sont moins chères et, à l’usage, comme elles consomment moins, cela reste moins coûteux que l’essence» , résume Serge Istas, le secrétaire général de Traxio.
Et c’est vrai que, contrairement au marché du véhicule neuf, le diesel ne souffre pas – encore – en occasion d’une désaffection radicale du public.
En 2018, sur un marché de l’occasion plutôt stable (en baisse de 1,6%), la part du diesel n’a perdu que 3,2%, passant de 58,8% en 2017 à 55,6% l’année dernière.
Le diesel reste donc largement majoritaire dans les ventes d’occasions en Belgique, alors qu’on n’est plus très loin des «deux tiers essence, un tiers diesel» sur le marché du véhicule neuf (voir tableau).
Un parc de vieux clous
«Dans les 55% de diesel, il a tout un vieux parc de véhicules qui s’échangent encore entre particuliers. Les chiffres sont un peu biaisés» , nuance toutefois Danny Bultot, dirigeant du groupe Soco, spécialisé dans les véhicules d’occasion.
«Nous, nous vendons un parc moyen vieux de 3 ans et il y a clairement un virage vers l’essence. Et ce n’est pas 2 ou 3%. J’ai vu monter de 10 à 15% mes ventes de voitures essence par rapport au diesel» , dit-il. Des chiffres qui ne pas très éloignés des 10% de chute du diesel sur le marché du neuf.
Un marché «reptilien»
«En matière d’occasions, rien de ce qu’on raconte pour la voiture neuve n’est valable» , note pourtant Serge Istas. «Ce marché est plus reptilien. Les deux valeurs essentielles, c’est l’état du véhicule et son prix, y compris les taxes. Le reste n’a guère d’importance. Tant que ce n’est pas cher et que ça roule encore bien, c’est ce qui compte. Il n’y a aucune fibre écologique.»
C’est une autre différence avec le marché du neuf: les 705 000 voitures d’occasion immatriculées en Belgique en 2018 ont été à 93% vendues à des particuliers. Dans le neuf, les véhicules de sociétés et les différentes formes de leasing représentent la moitié du marché. Et les entreprises sont plus sensibles à l’image d’un véhicule plus écologique.
«En 2011, 75% des voitures neuves immatriculées étaient encore en diesel. Ce sont ces voitures-là qui se retrouvent à présent en occasion. Il y a une période d’inertie entre les deux marchés» , complète Serge Istas. «Le diesel reste un beau marché en occasion, on en vend toujours plus que des essence.» Mais, il le reconnaît: « Les prix sont à la baisse, étant donné l’incertitude qui entoure ce carburant» .
Des fins de leasing
C’est aussi le constat posé par Danny Bultot. «On peut trouver aujourd’hui des véhicules essence plus chers que leur équivalent diesel, ce qu’on ne voyait pas auparavant. C’est la loi de l’offre et de la demande: ce qui sort aujourd’hui de fin de leasing, c’est du diesel. Il y a beaucoup d’offre, et moins de demande, donc les prix baissent.»
Moins chers, les diesels gardent, du coup, un certain attrait. Alors que pour les motorisations alternatives, la percée est encore plus timide que dans le neuf. «Pour être honnête, on a très peu de demandes en véhicules électriques. Pas suffisamment pour faire un vrai département en vente chez nous» , explique Danny Bultot. Quant aux véhicules hybrides, «c’est plutôt une question d’opportunités» , dit-il.