Construire ou rénover pour remplacer la voiture de société

En prévision du salon Batibouw qui s’ouvre le 23 février, la Confédération Construction a dressé ses propositions tournées vers la rénovation. La mesure phare concerne le choix, pour le travailleur, entre une voiture de société ou un budget rénovation. Dans un package salarial identique, un budget serait consacré soit à la voiture de société, soit à la rénovation ou la construction d’un bâtiment dans le respect des normes énergétiques.
Selon les chiffres du Bureau fédéral du Plan, les voitures de société coûteraient 4,7 milliards d’euros. “Une partie de ces 4,7 milliards pourrait être chaque année bien mieux investie”, soutient Robert de Mûelenaere, son président. “Les avantages fiscaux resteraient identiques selon le choix”, avance-t-il encore. La Confédération Construction se dit soucieuse de la transition énergétique et il y a de quoi: les bâtiments belges émettent un taux de pollution au CO2 70% supérieur à la moyenne européenne. Autre chiffre: 5,5 millions de logements représentent 40% des émissions de gaz à effets de serre en Belgique.
Moins de flexibilité
Si la proposition peut séduire qui veut construire, employé et employeur doivent y trouver bénéfice. Or ce dernier pourrait y perdre, comme l’explique Olivier Marcq, juriste chez Acerta: “Avec la voiture, l’employeur offre de l’autonomie et de la flexibilité, ce qui va aussi servir l’entreprise. La voiture reste nécessaire pour certains travailleurs, ceux qui visitent des clients, notamment. Autre risque: un jeune qui s’installe pourrait opter pour le budget construction tout en s’achetant une occasion à moindre prix et plus polluante”. Le calcul du gain de CO2 en deviendrait presque impossible.
La loi relative au budget mobilité prévoit également la possibilité de consacrer une partie de ce budget au logement. Le travailleur peut en effet affecter son budget à un loyer ou au remboursement des intérêts liés aux prêts hypothécaires. Il faut, pour cela que la distance entre l’habitation et le lieu de travail ne dépasse pas les cinq kilomètres à vol d’oiseau. Cette courte distance permettrait de pouvoir se passer raisonnablement de sa voiture et d’opter pour la mobilité douce. Aucune indication n’a été donnée par la Confédération Construction à ce sujet.
“Le plus important pour le travailleur reste le choix”, ajoute Olivier Marcq. Une décision qui, selon la proposition évoquée, resterait propre au travailleur.
“Ville sur la ville”
La fédération propose deux autres mesures pour encourager l’amélioration du bâti belge. La première concerne la TVA sur la démolition-reconstruction. Elle plaide pour un passage de 21 à 6%, “comme c’est déjà le cas dans 32 zones urbaines”, précise Robert de Mûelenaere. Une mesure qui agirait comme un incitant à la démolition. “Les consommateurs seraient moins enclins à opter d’office pour une rénovation. Il est souvent plus rentable de démolir et reconstruire”, soutient-on chez les entrepreneurs.
La troisième mesure concerne le prêt hypothécaire écologique. “Le concept existe mais n’est pas assez développé”, poursuit le CEO de la Confédération Construction. Il s’agirait d’un prêt dont les taux d’intérêt dépendraient de l’efficacité énergétique du bâtiment.
15% moins cher
La Confédération entend mettre la technologie au service de l’écologie, mais aussi du consommateur. “Les coûts de construction devraient diminuer de 10 à 15%” indique Robert de Meûlenaere “Une technologie comme la 3D permet de diminuer les erreurs de construction, qui représentent chaque année 5 milliards d’euros”.
Parmi les objectifs évoqués, la sécurité occupe une place primordiale: “Nous avons enregistré 15.000 accidents de travail et 12 morts en 2018. Nous voulons arriver à 0 au plus vite,” a précisé le CEO. La sécurité sera par ailleurs le thème du grand forum d’ouverture du salon Batibouw.