La taxe communale sur les bornes de recharge que plusieurs communes bruxelloises veulent introduire est contraire à la législation bruxelloise, déclare le ministre sortant des Finances et du Budget Sven Gatz (Open VLD), qui prévient également que la taxe entravera le développement économique de Bruxelles.
Les municipalités bruxelloises souhaitent introduire une taxe sur les bornes de recharge en 2025. Cette taxe pourrait s'élever à 125 euros par an et par prise - une station de recharge comporte généralement deux prises. Certaines communes souhaitent des taxes encore plus élevées, tandis que d'autres, comme Saint-Gilles et Ixelles, les ont déjà introduites.
Fonds de compensation fiscale
Toutefois, malgré l'autonomie des communes en matière de perception des impôts locaux, le ministre Gatz estime que cette intention va à l'encontre de l'ordonnance du 1er décembre 2022 qui prévoit d'associer les communes au développement économique de la région.
L'ordonnance stipule que les municipalités renoncent à toute nouvelle taxe ou augmentation d'une taxe existante qui affecte le développement économique local et régional. En échange de cet engagement, les communes peuvent solliciter un soutien financier régional auprès du Fonds de compensation fiscale.
"Violation de leur engagement politique"
"Puisque les 19 communes bruxelloises se sont engagées dans un accord contraignant avec la région capitale pour 2023-2025, elles violent leur engagement politique et leurs obligations légales avec l'annonce de la taxe sur les bornes de recharge", affirme le ministre de l'Open VLD.
Il souligne que des acteurs économiques tels que Beci, Voka, Energy Vision et le collègue de l'environnement Alain Maron (Ecolo) ont déjà indiqué que l'initiative des municipalités est économiquement contre-productive et entrave la transition vers la durabilité.
M. Gatz a maintenant demandé à son collègue, qui est sous la garde des municipalités, de revoir le dossier sur le plan juridique. Il donnera l'ordre à son administration de suspendre tous les paiements du Fonds de compensation fiscale.
1 700 points de charge
Bruxelles compte actuellement environ 1 700 points de charge, et plus de 500 nouveaux points seront installés en 2022. En 2023, EnergyVision a ajouté plus de 1 200 points supplémentaires pour Sibelga, ce qui représente environ dix points de charge/km². La Région de Bruxelles-Capitale représente 10,4 % de l'offre nationale.
Electrify. Bruxelles, responsable du déploiement des bornes de recharge électrique à Bruxelles, vise à disposer d'un parc de 22 000 bornes d'ici 2035.
Deux opérateurs dominent le marché bruxellois : TotalEnergies et EnergyDrive. Selon le journal La Capital, ce dernier a déjà fait savoir qu'il augmenterait son installation de bornes de recharge dans les communes qui appliquent ces taxes et envisage même de se retirer de ces zones.
EnergyVision mécontent
Dans un commentaire publié sur LinkedIn, Maarten Michielssens, PDG d'EnergyVision, affirme que les maires de Bruxelles feraient mieux de facturer des frais de stationnement ou une redevance variable par kWH plutôt qu'une redevance forfaitaire. Selon M. Michielssens, Bruxelles possède déjà les stations de recharge les plus chères au monde en raison de son réseau spécifique et d'une logistique difficile. "Prélever unilatéralement un coût fixe (taxe annuelle) en plus de cela, sans un euro de certitude quant aux recettes : cela rend impossible tout modèle de financement par des tiers.
EnergyVision, qui affirme offrir le prix le plus bas pour la recharge lente et rapide, soit 0,36 €/kWh, ne participera donc plus aux appels d'offres de Bruxelles si ce cadre fiscal municipal est mis en place. "Nous ne sommes pas prêts à augmenter nos prix - et donc à détruire notre modèle commercial d'énergie verte et bon marché - pour alimenter la trésorerie municipale.
Le PDG cite également l'exemple de son siège à Bruxelles, où il a rendu publiques 20 bornes de recharge en ouvrant son parking au voisinage pour qu'il puisse venir s'y recharger.
"Nous n'y gagnons rien : nous avons perdu 20 places de parking, et n'importe qui peut venir et charger à prix coûtant. La municipalité de Jette va donc nous facturer 2 500 euros par an pour cela. C'est complètement fou. Nous fermons à nouveau notre parking. Pas de chance pour le quartier, pas de chance pour la transition énergétique, et pas de chance pour ceux qui veulent recharger leur voiture. Quelle taxe stupide, stupide. Trop c'est trop. Nous allons rapatrier notre bureau principal à Gand cet été".
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