Le nouveau gouvernement wallon renonce à l'extension du tramway de Liège

Autant la joie était grande il y a quelques semaines lors de l'inauguration du nouveau tramway de Liège, autant la déception est grande aujourd'hui parmi les partisans d'une politique de mobilité durable pour la métropole liégeoise. En effet, le nouveau gouvernement wallon a abandonné le projet d'extension du tramway liégeois vers Herstal et Seraing. A la place, il y aura deux lignes de bus.

Ecolo qualifie cette décision de "politique de désinvestissement public et de sabotage écologique" et le PS de "coup dur pour le développement de la métropole liégeoise".

Trop cher

La nouvelle majorité wallonne (MR-Les Engagés) renonce ainsi à l'extension du tramway de Liège à Herstal et Seraing, annoncée lors de la précédente législature, car trop coûteuse. En lieu et place d'un tramway, il y aura désormais deux lignes de bus prioritaires.

Ces bus électriques circuleront sur 15,5 km sur des voies réservées et/ou prioritaires, contre 5,7 km avant les extensions. Le projet remanié représente désormais un investissement de 264 millions d'euros, alors que les extensions du tramway étaient estimées à plus de 350 millions d'euros.

"C'est un choix gagnant, plus utile, plus efficace, avec un meilleur rapport coût-bénéfice et moins de risques", déclare le ministre de la Mobilité François Desquesnes (Les Engagés). Selon M. Desquesnes, les bus prioritaires desserviront 2,5 fois plus d'habitants vivant à moins de 500 mètres des lignes (14 243 personnes pour le tramway et 37 575 pour les bus, selon les chiffres de l'Autorité organisatrice des transports publics et partagés - AOT). La reconstruction urbaine des routes communales et régionales à Seraing, Herstal et Saint-Nicolas a également été annoncée.

Jean-Michel Soors, administrateur général de TEC, semble également favorable à cette décision. "Demain, nous aurons un magnifique réseau avec un tramway et neuf lignes structurantes qui amélioreront considérablement la desserte de Liège", affirme M. Soors.

Selon les chiffres de la Société wallonne des transports (OTW), le nouveau service de bus coûte 7 026 euros par habitant de plus de 25 ans, contre 44 085 euros par habitant de plus de 25 ans si les extensions avaient été mises en œuvre.

Les anciens partis gouvernementaux mécontents

Ecolo qualifie cette décision de "choix incompréhensible du passé de la coalition bleu pétrole". Stéphane Hazée, chef du groupe Ecolo au Parlement wallon, qualifie le tramway de "grand projet de mobilité durable, rapide et efficace". Il n'en reste pas moins que cette décision est un "pis-aller désastreux pour le redéveloppement de l'agglomération liégeoise, pour ses habitants et pour la transition écologique de son entreprise en Wallonie."

M. Hazée estime également que cette décision est "d'autant plus incompréhensible que les travaux de l'extension Herstal ont commencé il y a un an et qu'il faudra payer une indemnité à perte pour cet arrêt". Par ailleurs, l'élu Ecolo dénonce également la position de porte tournante des libéraux, qui étaient encore favorables à l'extension dans le précédent gouvernement. "La liste des capitulations de leur part s'allonge", déclare M. Hazée.

Le PS, autre ancien parti de gouvernement wallon, regrette également cette décision. "Renoncer à l'extension du tramway, c'est tourner le dos à l'opportunité de repenser l'ensemble de la mobilité et de l'espace urbain en formant une métropole."

Le parti socialiste souligne également que la décision a été prise sans consulter tous les acteurs de terrain impliqués dans le plan de mobilité urbaine. "Les contrats ont été signés avec les entreprises, les ouvriers ont été embauchés, les travaux ont commencé et des millions d'euros ont déjà été dépensés. Aujourd'hui, tout cela risque de se transformer en un nouvel épisode de travail inutile", conclut le PS.

Bus ou tramway ?

En général, les tramways peuvent transporter plus de passagers que les autobus, ce qui se traduit par une consommation d'énergie par passager inférieure à celle des autobus. Ils ont également une fréquence plus élevée et, à long terme, les coûts d'exploitation peuvent être inférieurs à ceux d'un service d'autobus.

Après tout, un bus a une période d'amortissement de 16 ans, alors que les tramways ont tendance à avoir une durée de vie plus longue. Cela permet de réduire l'empreinte carbone globale, car il y a moins d'utilisation de matériaux et moins de déchets au cours du cycle de vie du véhicule.

D'autre part, les tramways nécessitent des investissements d'infrastructure plus importants parce qu'ils ont généralement des systèmes mécaniques plus complexes que les autobus. Ceux-ci peuvent avoir un effet à long terme sur le coût d'entretien global du tramway.

Le TEC n'a pas encore de bus électriques dans sa flotte. Toutefois, 38 nouveaux bus électriques seront livrés en 2025. D'ici 2030, le TEC vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 %. Ainsi, 400 e-bus remplaceront progressivement les véhicules diesel. TEC Brabant wallon compte 48 hybrides dans sa flotte.

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