À Flamanville, en France, le producteur d'électricité EDF a pu mettre en service une nouvelle centrale nucléaire, Flamanville 3, après un retard de 12 ans. Toutefois, il faudra encore trois mois avant que la première électricité ne soit injectée dans le réseau français.
Flamanville 3 est le 57e réacteur nucléaire français et, avec ses 1 600 mégawatts, il sera le plus puissant. Il s'agit d'un réacteur pressurisé européen (EPR), un nouveau type de réacteur présenté après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl comme la solution sûre pour relancer l'énergie nucléaire en Europe. C'est le premier réacteur français depuis 25 ans.
Une longue agonie
Le nouveau réacteur de Flamanville, près de Cherbourg, aurait dû démarrer il y a douze ans. Mais le chantier a connu de nombreux problèmes techniques, qui ont également fait exploser son coût : 13,2 milliards d'euros, alors que la facture était initialement estimée à 3,3 milliards d'euros. Aujourd'hui, l'ASN a donné son feu vert à la production des premiers électrons.
EDF a également revu à la hausse ses perspectives de production d'électricité. L'exploitant du parc nucléaire français table sur une production nucléaire de 340 à 360 térawattheures (TWh) cette année, contre 315 à 345 TWh - 25 TWh correspondant à l'équivalent de la consommation électrique de la Normandie en 2022. Toutefois, ce chiffre n'inclut pas la production de la nouvelle centrale de Flamanville. Celle-ci devrait livrer sa première électricité au réseau avant la fin de l'automne.
Des changements radicaux
Le lancement de Flamanville 3 devrait également mettre un terme à la saga de l'électricité nucléaire pour EDF. Il y a deux ans à peine, par exemple, la France se demandait si elle aurait assez d'électricité pour passer l'hiver - elle a même dû importer de l'électricité d'Allemagne.
En effet, dans le contexte de la crise industrielle, la production nucléaire d'EDF est tombée à 279 TWh, et l'entreprise a fermé en 2022 avec une perte record de 17 milliards d'euros et une dette de 64,5 milliards d'euros.
Cependant, EDF a procédé à de profonds réajustements et à une révision drastique de ses méthodes. Par exemple, des robots de soudure ont été développés pour les réparations, la planification a été revue et les installations font désormais l'objet d'inspections complètes tous les dix ans.
Les nouveaux réacteurs EPR 2 sont toujours en route
Entre-temps, la France a retrouvé sa place de premier exportateur européen d'électricité. Cependant, les coûts incontrôlés et les délais de construction beaucoup plus longs que prévu font hésiter les partenaires intéressés à s'engager dans un nouveau projet avec EDF comme partenaire. Récemment, par exemple, en Finlande (Olkiluoto 3) et en Grande-Bretagne (Hinkley Point C), un nouveau réacteur EPR a démarré beaucoup plus tard que prévu et à un coût trois fois plus élevé.
Au moins six à huit nouveaux réacteurs EPR 2 seront construits en France, en commençant par deux réacteurs à Penly. En juin, le gouvernement français, aujourd'hui démissionnaire, a fait part au Sénat de sa prudence concernant les huit centrales supplémentaires. Le ministre de l'économie Bruno Le Maire a souligné le "gigantisme" des travaux pour les six nouvelles centrales nucléaires qui ont déjà reçu le feu vert.
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