Ce n'est sans doute pas une coïncidence : au moment où trois partis francophones impliqués dans la formation du gouvernement bruxellois ont décidé de leur propre chef de présenter au Parlement une proposition visant à reporter le renforcement de la norme d'émission pour la zone à faibles émissions (LEZ) de Bruxelles de début 2025 à 2027, l'asbl Chercheurs d'Air a apporté des nouvelles alarmantes.
Selon l'asbl, la qualité de l'air dans plus de 120 écoles primaires de Bruxelles n'est pas conforme aux normes. Plus précisément, une école sur cinq est exposée à des concentrations de polluants atmosphériques supérieures aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le calendrier actuel de la LEZ à Bruxelles devrait donc être maintenu, selon l'asbl.
Les enfants plus vulnérables
Selon l'Université de Louvain, qui a fourni le logiciel pour l'étude, la pollution de l'air est dangereuse pour les enfants. Leur respiration n'est pas complètement mature avant l'âge de 12 ans, ce qui les rend plus vulnérables que les adultes", explique Alfred Bernard, toxicologue à l'UC Louvain. Ils sont donc plus vulnérables que les adultes", explique Alfred Bernard, toxicologue à l'UC Louvain.
Selon l'étude, toutes les écoles de Bruxelles dépassent les recommandations de l'OMS en matière d'émissions de dioxyde d'azote (NO2). Sur les 622 écoles maternelles et élémentaires étudiées, 121 sont exposées à des concentrations de NO2 deux à trois fois supérieures aux recommandations de l'OMS.
Autre fait marquant : certaines communes sont plus touchées que d'autres. La quasi-totalité des écoles de Saint-Josse et la moitié de celles de Ganshoren et de Schaerbeek sont exposées à des concentrations annuelles moyennes de NO2 deux à trois fois supérieures à la recommandation de l'OMS. Dans les trois communes, le taux de risque de pauvreté est supérieur à 20 %, et à Saint-Josse, il atteint 34 %, soit le taux le plus élevé de Belgique.
Entre 2018 et 2023, grâce notamment à l'introduction de la LEZ, les concentrations de NO2 ont certes diminué de 40 %, mais cela reste en deçà des objectifs internationaux. Près de la moitié des émissions de NO2 dans la capitale sont dues au trafic routier.
La limite européenne pour le NO2 est de 40 microgrammes de NO2 par mètre cube sur une année, mais l'Europe souhaite la ramener à 20 microgrammes. La valeur cible de l'OMS est de dix microgrammes.
Plus de rues scolaires sont nécessaires
Selon l'asbl, le calendrier actuel de la LEZ à Bruxelles doit donc être maintenu. "Il est inacceptable que les enfants de toutes les écoles, y compris les écoles maternelles, nuisent à leur santé en respirant un air de mauvaise qualité", a souligné Renaud Leemans, des Chercheurs d'Air. Selon l'organisation à but non lucratif, les rues des écoles, temporairement fermées à la circulation automobile, font partie de la solution pour améliorer la qualité de l'air à proximité des écoles.
Or, selon l'asbl, seuls 8% des écoles bruxelloises ont mis en place un tel système, alors que 70% pourraient facilement le faire. Une autre piste est la mise en place de quartiers à faible trafic, comme les réseaux Good Move, dont la mise en œuvre a connu de nombreux aléas ces derniers mois et que tout ou partie des partis francophones concernés souhaiteraient également supprimer ou aménager (tous les partis flamands n'y sont pas favorables non plus).
Selon une étude de l'institut de recherche flamand Vito, l'introduction d'une LEZ permettrait de réduire de 100 à 120 le nombre de décès prématurés dus à la pollution de l'air chaque année d'ici 2030, écrit le journal De Standaard. Le nombre de maladies liées au NO2 diminuerait également d'un quart. Tout cela permettrait d'économiser 100 à 135 millions d'euros en dépenses de santé.
Commentaires
Prêt à participer à la conversation ?
Vous devez être un abonné actif pour laisser un commentaire.
S'abonner aujourd'hui