Les constructeurs automobiles font appel à Polestar, Volvo et Tesla pour éviter les amendes européennes sur les émissions de CO2

À l'approche des objectifs européens de 2025 en matière d'émissions, les constructeurs automobiles s'empressent de former des alliances et de mettre en commun leurs crédits carbone afin d'échapper à des amendes qui pourraient s'élever à plusieurs milliards.

Les pionniers des véhicules électriques, tels que Tesla et Polestar, tirent parti de leurs gammes de véhicules zéro émission en vendant des crédits excédentaires aux constructeurs. Les constructeurs automobiles hésitants sont autorisés à se joindre au programme jusqu'au début du mois de février.

Dans le cadre de la réglementation européenne CAFE (Corporate Average Fuel Economy), les constructeurs automobiles doivent réduire les émissions de leur flotte de 15 % par rapport à 2021. Le marché des véhicules électriques stagnant à un peu moins de 14 % en Europe, loin des 20 % nécessaires, la mise en commun semble devenir un filet de sécurité essentiel pour les constructeurs automobiles traditionnels.

Formation d'alliances clés

La perspective d'amendes sur les émissions de CO2 a polarisé l'industrie, tandis que le PDG de BMW, Oliver Zipse, a déclaré que les objectifs formulés à temps avaient laissé une marge de manœuvre suffisante pour se préparer.

Dans le même temps, Luca de Meo, PDG de Renault, a blâmé le ralentissement de l'adoption des VE, avertissant qu'un coût de 25 milliards d'euros serait mieux investi dans l'innovation pour lutter contre ces émissions. Les objectifs doivent être atteints d'ici la fin de l'année pour éviter les pénalités.

Outre les ventes de véhicules électriques, la mise en commun de voitures à émissions nulles ou faibles est une solution moins coûteuse si les objectifs ne sont pas atteints. Selon un document de l'UE, Stellantis, Toyota, Ford, Mazda et Subaru ont conclu des accords pour rejoindre un pool dirigé par Tesla.

Entre-temps, Mercedes-Benz s'est associée à Polestar, Volvo Cars et Smart, des marques soutenues par le groupe chinois Geely, l'un des principaux actionnaires de Mercedes, pour combler son déficit en matière d'émissions.

Économie du crédit carbone

Tesla et Polestar devraient en tirer des avantages considérables. L'année dernière, les ventes de crédits carbone de Tesla ont représenté près de 3 % de son chiffre d'affaires de 72 milliards de dollars.

La vente de crédits à Mercedes représente une opportunité similaire pour Polestar. Volvo Cars, propriétaire minoritaire de Polestar, a refusé de divulguer des détails financiers, mais a confirmé un excédent de CO2 "significatif".

L'économie de la mise en commun est simple : une voiture entièrement électrique peut compenser les émissions de trois à quatre véhicules à combustion interne. Les constructeurs automobiles qui ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs en matière de parc automobile s'exposent à des pénalités de 95 euros par gramme de CO2 en sus de la limite par véhicule, soit une amende collective potentielle de 15 milliards d'euros, selon les estimations de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).

L'horloge tourne

L'ACEA a demandé un allègement des objectifs pour 2025, citant la lenteur de l'adoption des VE et les défis du marché. L'Italie et d'autres gouvernements se sont fait l'écho de ces préoccupations et ont rejoint le groupe de pression en faveur de la suspension des amendes.

Le responsable des opérations européennes de Stellantis, Jean-Philippe Imparato, estime que les ventes de VE doivent passer de 12 % à 21 % de sa flotte pour éviter les pénalités. Stellantis s'est engagée à clôturer l'année 2025 sans amendes, en s'appuyant sur la mise en commun pour optimiser les ressources tout en faisant progresser les technologies des VE.

Volkswagen et Renault sont notablement absents de ces accords de mise en commun. Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, a qualifié les objectifs pour 2025 de "particulièrement ambitieux", mais n'a pas encore décidé de rejoindre un pool.

Renault, quant à lui, s'est opposé à la mise en commun, ses dirigeants exprimant leur inquiétude quant au financement de ses concurrents. Le temps presse pour ces constructeurs automobiles, les demandes de mise en commun pour rejoindre le groupe Tesla ou le groupe Geely se terminant début février.

Entre-temps, l'ONG Transport & Environment a publié une étude et un rapport selon lesquels les fabricants peuvent se conformer aux réglementations de l'UE sans recourir à la mise en commun s'ils font leurs devoirs. Attendons de voir ce qu'il en est.

Commentaires

Prêt à participer à la conversation ?

Vous devez être un abonné actif pour laisser un commentaire.

S'abonner aujourd'hui

Vous pourriez aussi aimer