Elon Musk doit-il rester ou partir ? Nombreux sont ceux qui se sont récemment posé cette question pour Tesla, alors que le constructeur automobile subit une baisse massive de ses ventes et de ses revenus en raison des activités politiques de son PDG. Selon les médias américains, le conseil d'administration cherche activement un remplaçant.
Un mois après avoir annoncé une chute vertigineuse de 71 % de ses bénéfices au premier trimestre, le conseil d'administration de l'entreprise aurait pris les premières mesures pour trouver un nouveau directeur général. Comme le rapporte le Wall Street Journal, les membres du conseil d'administration ont contacté des cabinets de chasseurs de têtes au sujet d'un nouveau directeur général potentiel. Ce besoin devient tangible alors que Tesla est confrontée à un ralentissement des ventes, à une frustration interne croissante et à des critiques concernant le rôle de M. Musk en tant que "chuchoteur" de Trump.
Un moyen de pression ?
Musk, qui dirige Tesla depuis 2008, est actuellement à la tête du DOGE (Department of Government Efficiency). Toutefois, sa proximité avec la Maison Blanche a eu un effet inverse sur les investisseurs et les membres du conseil d'administration, qui se sont inquiétés de ce que ses engagements politiques diluent l'attention qu'il porte à Tesla. Bien qu'aucune raison officielle n'ait été donnée, le dernier employé à avoir quitté l'entreprise est David Lau, responsable de la stratégie logicielle de Tesla depuis plus de dix ans.
Une conversation qui s'est déroulée quelques semaines avant la publication des résultats trimestriels de Tesla, qui a révélé une chute spectaculaire des ventes, est à l'origine des conclusions du Wall Street Journal. Les membres du conseil d'administration auraient fait pression sur M. Musk pour qu'il consacre plus de temps à l'entreprise. Cela n'a pas été sans effet. M. Musk a promis qu'à partir de ce mois-ci, il "consacrerait beaucoup plus de temps à Tesla". En réaction, les actions sont reparties à la hausse, soulignant l'importance du lien entre le nom de Musk et sa marque de voiture tant convoitée.
Mais apparemment, le conseil d'administration était prêt à prendre d'autres mesures si Musk avait l'intention de donner la priorité à ses activités politiques. La présidente de Tesla, Robyn Denholm, et M. Musk nient tous deux l'existence d'une recherche active d'un PDG, la qualifiant d'"absolument fausse" et de "délibérément trompeuse". Pourtant, les spéculations n'ont fait que s'intensifier alors que les performances financières restent médiocres.
Spirale descendante
Les ventes continuent de dégringoler en Europe, en particulier sur les marchés où Tesla a connu un fort élan. En Belgique, les immatriculations de nouveaux véhicules Tesla ont chuté de 57 % au cours des quatre premiers mois de 2025 par rapport à la même période de l'année précédente, selon la fédération automobile Febiac. Pour le seul mois d'avril, seulement 570 véhicules Tesla ont été immatriculés, soit plus de 50 % de moins qu'un an auparavant. Les chiffres néerlandais montrent une tendance similaire : les ventes ont chuté de près de 75 % d'une année sur l'autre en avril, avec seulement 382 véhicules vendus contre 1 457 en avril 2024. Tesla a un problème.
Bien que Tesla soit de plus en plus concurrencé par des véhicules électriques plus récents et moins chers, notamment par les constructeurs chinois, la controverse autour de Musk détourne l'attention du public de sa marque. En effet, le modèle Y récemment révisé, qui est devenu la voiture la plus vendue au monde, ne semble pas contrer la spirale négative.
La ville de Musk
L'expansion des projets personnels de Musk complique encore la situation. Au début de l'année, il a réussi à créer "Starbase", une municipalité sous contrôle privé au Texas, construite autour des installations de lancement de SpaceX à Boca Chica. Cette initiative a suscité à la fois l'admiration et la critique, les groupes de défense de l'environnement s'alarmant de l'impact sur les zones protégées avoisinantes.
Tout cela a ébranlé les investisseurs. La valeur boursière de Tesla a été divisée par deux depuis janvier, tandis que Musk aurait perdu un milliard de dollars par jour depuis l'élection de Trump. Quoi qu'il en soit, la recherche d'un successeur par le conseil d'administration, qu'elle ait été démentie ou non, témoigne d'une réelle inquiétude quant à l'orientation divergente du PDG.
Trouver un remplaçant adéquat serait loin d'être une chasse aux têtes facile, tant la personnalité de Musk est fortement imbriquée dans la marque. Mais même s'il revient à la tête de Tesla avec une concentration totale, ses idées d'extrême droite pourraient avoir terni l'image de Tesla au point de la rendre irréparable, du moins à court terme. L'extrémisme ne fait pas bon ménage avec le marketing.